Éducation & enseignement artistique

Pour que l’éducation artistique et culturelle ne soit plus le « passager clandestin » des politiques publiques de la culture – Synthèse de la conférence de Presse d’Aurélie Filippetti

 « La jeunesse est une priorité du Président de la République ; elle est mon grand projet ministériel pour les cinq années à venir ». C’est en ces termes qu’Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication a ouvert sa conférence de presse « un grand projet pour l’éducation artistique et culturelle » hier matin à l’auditorium du Musée du Louvre. Cinq idées forces de cette priorité du quinquennat en matière de politique culturelle.

Une mobilisation réelle de moyens dans la durée afin d’éviter comme le disait Catherine Marnas à Avignon que « l’éducation artistique, comme la parité, soit purement consensuelle. Si personne n’est contre, il reste encore à s’en emparer !". Cette augmentation budgétaire est et sera de 10 millions d’euros par an soit une

augmentation de près d’un tiers d’ici à 2015. En revanche, la Ministre n’a pas repris ses propos d’Avignon de « doublement budgétaire » d’ici à la fin du quinquennat.

 

Ces moyens accompagneront les « collectivités volontaires » dans le cadre de projets éducatifs de territoire, avec un bonus privilégiant ceux et celles éloignés géographiquement et socialement et les actions intergénérationnelles. Comme toute « bonne décentralisation ne peut se faire sans une vraie déconcentration », il reviendra aux Drac(s) la gestion des fonds financiers. Vu les rôles confiées etdemandées à ces dernières, l’on peut s’interroger toutefois sur les moyens humains dont elles disposent car les missions régionales pourraient bien se révéler impossibles pour les seul(e)s conseiller(e)s EAC Drac.

Aurélie Filippetti a également rappelé que l’éducation artistique et culturelle était au cœur du « pacte républicain ». D’une part, elle est dorénavant inscrite dans l’article 6 de la loi sur la refondation de l’école et une charte est en cours d’élaboration avec Valérie Fourneyron au Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative. Il a été souligné ainsi qu’aucune concurrence ne devait exister entre le scolaire et le périscolaire et qu’au contraire, l’aménagement des rythmes scolaires ne pouvait que privilégier un « espace commun pour faire travailler les acteurs culturels et bénéficier à l’enfant » ( !). . Des voeux qui remettent (enfin !) en cause les ruptures originelles du Ministère de la Culture. D’autre part, « rendre caduque les cloisonnements », c’est aussi se rapprocher des Collectivités territoriales dans un « pacte de confiance » ; un pacte traduit pour le Vice-Président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Emmanuel Constant, par la composition de la tribune du jour qu’il partageait avec des artistes, des établissements publics et une autre collectivité locale (Pierre Cohen, Maire de Toulouse). C’est donc une « culture en partage », une « autre manière de travailler en transversalité et de faire de la politique » que la Ministre souhaite instaurer et que les Départements ne peuvent que saluer, même si nous n’en sommes pas encore à « partager nos cultures ».

Seront également encouragés le partage de l’information (concertation, comité de pilotage, PREAC, mise en œuvre d’un réseau des opérateurs labellisés de l’Etat), la formation et la recherche universitaire. Ont été ainsi annoncés la tenue chaque année à Avignon d’une Université d’Eté de l’éducation artistique et culturelle, le renforcement de la formation initiale (ESPE) et continue des enseignants et des acteurs culturels et jeunesse, l’inscription d’unités de formation EAC au sein des écoles d’arts et une contractualisation avec Genviève Fioraso, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour l’EAC à l’Université. Concernant la recherche universitaire, Aurélie Filippetti a souligné la nécessité de micro évaluations, « dans une logique territoriale des expériences pilotes », qui pourraient être suivies d’une production d’outils alimentant les acteurs et un Haut Conseil à l’Education artistique et culturelle ouvert aux collectivités territoriales et susceptible de mettre en œuvre des études comparatives à l’échelle européenne.

Une large part de l’intervention a été enfin consacrée au numérique. « Non une culture numérique mais une culture par le numérique », soit la volonté de « libérer les données » (open data), de mettre à disposition des ressources (à ce titre, voir le nouveau et remarquable site de l’INA www.en-scenes.ina.fr) et d’enfin d’organiser un « automne numérique » permettant à de jeunes entreprises innovantes de présenter des applications pour les jeunes.

En reprenant en partie le Rapport commandé au Musée du Louvre mais également un certain nombre des préconisations issues du rapport Bouët et de la concertation nationale de l’automne dernier, Aurélie Filippetti donne ainsi, tout en reconnaissant encore, dans une interview donnée à La Gazette des Communes, l’insuffisance des relations avec le Ministère de l’Education nationale et avec l’éducation populaire considéré comme le « chaînon manquant », non seulement un cadre, « un jeune réceptacle actif et sujet et non objet » mais aussi une direction et un peu de souffle à une politique culturelle qui aujourd’hui tout autant au niveau de l’Etat que des Collectivités territoriales marque sérieusement le pas.

François Pouthier

Lire l'intégralité du discours et Télécharger le dossier de presse.

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