Aménagement du territoire

Le développement culturel durable, utopie ou nécessité ?

Acteurs culturels locaux, nous sommes confrontés à la diversité des cultures au sens anthropologique (cultures jeunes, urbaines, rurales, religieuses, étrangères, etc.) et aux identités des territoires. Au-delà de l’offre culturelle d’excellence qui a été jusqu’alors le fondement de la politique française, basée sur la création et la diffusion, nous sentons bien que s’impose aujourd’hui l’exigence d’une meilleure prise en compte de la participation et des droits culturels des citoyens (la nécessité de faciliter une pluralité de choix), dans l’esprit de la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (en se rappelant que celles-ci évoluent et qu’il ne s’agit pas de les figer une fois pour toutes, mais de savoir équilibrer l’expression des cultures traditionnelles avec la création de nouvelles formes culturelles).
 
 

Les politiques culturelles de nos collectivités reposent sur la notion de « projet culturel » et répondent à des enjeux de société (ne se réduisant pas à

des programmations et à des dispositifs sectoriels). Elles sont mises en œuvre grâce à des budgets de « fonctionnement »… et pourtant l’enjeu du développement culturel est avant tout un « investissement » : un investissement dans l’humain, en prenant en compte sa part de sensible, d’intime et d’imaginaire. Le rôle de la culture doit être inscrit dans le développement de chaque individu et dans l’épanouissement collectif afin que nous puissions faire société (mieux-vivre ensemble), en restant vigilants face aux dérives de l’individualisme et du relativisme culturel. Les politiques culturelles locales, sous-tendues par des valeurs telles que le pouvoir de création, la connaissance critique, le travail de mémoire, la diversité et le dialogue interculturel … sont parties prenantes du développement de la démocratie et de la citoyenneté.

 
 

C’est pourquoi le triangle du développement durable – croissance économique (soutenable), inclusion sociale et équilibre environnemental –semble insuffisant : la culture pourrait en devenir le quatrième pilier, dans le cadre d’Agendas 21 de la culture qui s’appuient sur un document de référence adopté en 2004 par « Cités et Gouvernements locaux unis », auxquels se sont déjà associées environ 300 villes et organisations du monde entier (telles que le Québec, Barcelone, Gênes, Genève, Lille, Saint-Denis, etc.).

 
 

Et concrètement ?

 

Les collectivités peuvent bien sûr participer, à leur niveau, à de bonnes pratiques écologiques, en incitant par exemple les responsables des festivals à une gestion cohérente des déchets générés par ces manifestations, ou encore les maitres d’ouvrage à restaurer et valoriser leur patrimoine historique, architectural et paysager dans l’esprit du développement durable.

 
 

On doit aussi s’intéresser aux actions artistiques qui explorent la dimension culturelle du développement durable, tant dans leur contenu que dans leur forme (quel moment du processus artistique va-t-on partager pour rapprocher la création artistique des habitants, où et comment ?).

 
 

Par ailleurs, on peut s’attacher à :

 

- soutenir le pluralisme (manifestations interculturelles), croiser les réseaux et les disciplines artistiques (en soutenant notamment l’émergence des arts de la rue et de la piste, des arts numériques, du hip hop, du slam etc.), développer les échanges artistiques et culturels (mobilité des artistes et des œuvres) ;

 

- développer les actions structurantes, de proximité (moins médiatiques mais qui touchent un public nouveau), l’éducation artistique des jeunes, la médiation culturelle, la participation et la formation des amateurs et des associations ;

 

- lutter contre l’exclusion culturelle (en faveur des résidents en maisons de retraite, à l’hôpital, en prison, avec des personnes en situation de handicap ou d’insertion) ;

 

- réfléchir aux meilleures politiques tarifaires, créer des instances consultatives.

 
 
 

La culture est aussi et avant tout un moteur de transversalité avec les autres secteurs de la collectivité (politique de la ville, social, éducation, économie/tourisme, environnement...). On pourrait imaginer d’inclure davantage une perspective culturelle dans toutes les politiques publiques œuvrant dans le sens du développement durable (et concernant le parcours des personnes, de leur naissance à leur mort).

 
 

S’il s’agit d’une démarche volontariste, généreuse et ambitieuse, il n’empêche : les élus locaux et la société civile peuvent s’emparer de cette notion de développement durable pour relancer autrement les politiques culturelles locales, imaginer une nouvelle gouvernance culturelle et s’interroger sur de nouveaux modes d’évaluation.

 

 

 
 
 

François DESCHAMPS

 

 

 

Pour poursuivre : allez visiter la plateforme d’échanges de pratiques : www.reseauculture21.fr

 

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